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Le marque-page et l'ex-libris

Chroniques littéraires

#133 "La tour" de Doan Bui (éditions Grasset)

#133 "La tour" de Doan Bui (éditions Grasset)

Doan Bui propose de suivre les habitants de la tour Melbourne (fictive) du quartier des olympiades (quartier bien réel) à Paris dans un roman choral foisonnant et très riche. Boat people, pianiste roumaine exilée, sans-papiers sénégalais et même jeune homme persuadé d'être la réincarnation du chien de Houellebecq, les personnages se croisent et se recroisent au fil du récit. Dans un style agréable, fluide et moderne, l'écrivaine livre une vision intéressante de la société avec un humour parfois bien corrosif. Le dernier chapitre est très bien vu même si il fait un peu froid dans le dos. A découvrir !

Informations générales :

Roman
Éditions Grasset
EAN : 9782246824992
Parution le 12/01/2022
352 pages
20,90 euros

Le résumé :

Les Olympiades. C’est là, autour de la dalle de béton de cet ensemble d’immeubles du Chinatown parisien que s’est installée la famille Truong, des boat people qui ont fui le Vietnam après la chute de Saigon. Victor Truong chérit l’imparfait du subjonctif et les poésies de Vic-to-Lou-Go (Victor Hugo). Alice, sa femme, est fan de Justin Bieber mais déteste Mitterrand, ce maudit «  communiste  » élu président l’année où est née leur fille Anne-Maï, laquelle, après une enfance passée à rêver d’être blonde comme une vraie Française, se retrouve célibataire à 40 ans, au désespoir de ses parents.
Cette tour de Babel de bric et de broc, où bruisse le murmure de mille langues, est une cour des miracles aux personnages hauts en couleurs. Voilà Ileana, la pianiste roumaine, désormais nounou exilée ; Virgile, le sans-papier sénégalais, lecteur de Proust et virtuose des fausses histoires, qui squatte le parking et gagne sa vie comme arnaqueur. On y croise aussi Clément, le sarthois obsédé du Grand Remplacement, persuadé d’être la réincarnation du chien de Michel Houellebecq, son idole. Tous ces destins se croisent, dans une fresque picaresque, faite d’amours, de deuils, de séparations et d’exils.
La Vie mode d’emploi de Perec est paru en 1978, quand les Olympiades sortaient de terre. Comment Perec raconterait-il le Paris d’aujourd’hui  ? Ce premier roman de Doan Bui tente d’y répondre, en se livrant lui aussi à une topographie minutieuse d’un lieu et de ses habitants. L’auteure y décrit la France d’aujourd’hui, de la coupe du Monde 98 aux attentats de 2015 dans un roman choral d’une drôlerie grinçante.

L'auteur :

Doan Bui est grand reporter à l’Obs, prix Albert Londres 2013. Son dernier livre, Le silence de mon père, récit autobiographique paru en 2016 a obtenu le prix Amerigo Vespucci et le prix de la Porte Dorée. Elle est également scénariste de deux BD. La Tour est sa première fiction.

Mon avis :

Paris. Les Olympiades. Opération immobilière emblématique des années 70, ce quartier a été conçu par l'architecte Michel Holley. Chaque tour porte un nom de ville et on y trouve des magasins, des équipements publics...Bref, une ville dans la  ville.

L'écrivaine Doan Bui nous invite à partir à la rencontre des habitants de la tour Melbourne, une tour fictive tout droit sortie de l'imagination de l'auteur. Ce roman choral va conduire le lecteur à côtoyer des protagonistes issus de culture et de milieux sociaux très divers. Boat people, pianiste roumaine exilée, sans-papiers sénégalais, c'est une vraie mosaïque. Sans oublier des personnages un peu plus "perchés" comme cet homme se prenant pour le chien de Houellebecq.

J'ai particulièrement apprécié cette lecture. J'ai trouvé ce roman très riche et très intéressant. Intéressant pour les aspects historiques évoqués, intéressant pour la lecture que fait l'écrivaine de notre société, intéressant pour les traits d'humour parfois bien acérés, intéressant pour l'humanité qui se dégage de ce texte... Je pourrai sans doute continuer cette liste mais je pense que vous avez compris que je ne me suis pas ennuyé durant cette lecture, bien au contraire, je n'ai pas vu le temps défiler.

De plus, ce texte se lit très bien tant le style de l'écrivaine est moderne, fluide et agréable. Les personnages se croisent, se recroisent, c'est foisonnant et très rythmé ce qui permet de ne pas endormir le lecteur.

La lecture est agrémentée de nombreuses (peut-être un peu trop même à certains moments du récit) notes de bas de page. Celles-ci permettent des précisions intéressantes, souvent importantes pour bien saisir toutes les subtilités de ce roman. Le petit problème réside dans le nombre mais aussi dans la taille parfois importante de ces notes. J'aurai peut-être préféré qu'elles soient directement intégrée au texte pour éviter de sortir du récit à chaque fois. C'est un détail plutôt de forme et de confort de lecture car j'ai apprécié le contenu de ces notes de bas de page qui ont toujours amené un petit quelque chose en plus comme un fait historique, un trait d'humour...

Par contre, une mention spéciale pour ce dernier chapitre qui brosse le portrait de ce que pourrait être notre société dans le futur. Certes, ça fait un peu peur, mais c'est vraiment très bien vu de la part de l'écrivaine (même si plutôt très pessimiste il faut bien l'avouer !).

Un roman très sympathique à découvrir et une plume à suivre !

Ma note : 8/10

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