#135 "Lettres perdues" de Jim Bishop (éditions Glénat)

Pour une fois, ce n'est pas un roman que je vous recommande mais une bande dessinée, et quelle BD ! Jim Bishop, lauréat du prix BD Lecteurs.com 2022, propose un récit à un rythme d'enfer dans un univers d'une richesse tout simplement incroyable. Chaque page réserve son lot de surprises pour le plus grand bonheur du lecteur. Parfaitement servi par un style graphique original et très soigné, le récit explore des thèmes graves comme l'écologie, la solitude ou encore le deuil. Pour autant, pas de panique, l'humour est quand même au rendez-vous et l'auteur arrive justement à trouver un bon équilibre entre humour et émotion. Une très belle découverte !

Je remercie la fondation Orange (Lecteurs.com) et les éditions Glénat pour cette découverte !

Informations générales :

Bande dessinée

Éditions Glénat

EAN : 9782344043448

Parution le 15/09/2021

200 pages

22 euros

Le résumé :

Les aventures corrosives d’Iode à la recherche de sa mère.

Comme tous les matins, Iode attend impatiemment cette lettre que le facteur tarde à lui apporter. Surement une blague de ce farceur de poisson-clown qui s’amuse à livrer son courrier aux voisins... Ou peut-être a-t-il simplement été égaré ? Il n'y a qu'un seul moyen d’en avoir le cœur net : se rendre en ville. Embarqué dans sa petite auto vert pomme, Iode fait la rencontre de Frangine, une autostoppeuse au caractère bien trempé qui effectue une livraison pour le compte du mystérieux groupe mafieux « la pieuvre ». Seulement, lorsque cette dernière décide de lui fausser compagnie, le jeune garçon s’inquiète et décide naïvement de partir à sa recherche. Sans le savoir, Iode vient de mettre les pieds dans une affaire qui le placera au cœur d'un terrible drame.

Sur l’île du soleil où poissons et humains cohabitent, mafieux sans vergognes et policiers incompétents sont monnaie courante. Une cavalcade absurde naviguant entre humour, douceur et drame mélancolique. Un premier roman graphique réalisé par un prodige du dessin nourri au travail de Hayao Miyazaki. Un récit où la rondeur du dessin et la beauté irradiante des couleurs forment paradoxalement une œuvre tragique qui perturbera les âmes les plus sensibles.

L'auteur :

Jim Bishop est né en 1985 en Seine-Saint-Denis. Il se lance dans la bande dessinée en publiant en 2015 son premier album Nubo, le gardien nuage (Editions Bonstre). On le retrouve en 2017 au scénario de la série humoristique Jill & Sherlock (Ankama Éditions). En 2021, il signe sa première bande dessinée chez Glénat, Lettres perdues. Ce drame mélancolique qui marquera les âmes les plus sensibles reçoit le prix BD lecteurs.com de la fondation Orange en 2022 ainsi que le prix de la BD France Bleu. Actuellement, il travaille sur son prochain roman graphique à paraître à la rentrée... Réside à Angoulême.

Mon avis :

Une fois n'est pas coutume, et parce qu’il n'y a pas que les romans dans la vie, je vais aujourd'hui vous parler d'une bande dessinée. Jim Bishop est le lauréat 2022 du prix BD organisé par Lecteurs.com. Je remercie d'ailleurs grandement la fondation Orange de m'avoir offert l'occasion de découvrir cette BD qui mérite franchement le détour. Je ne lis pas beaucoup de romans graphiques mais cette lecture me fait clairement regretter de ne pas en lire plus souvent.

L'auteur raconte l'histoire d'un jeune garçon prénommé Iode qui va partir à la recherche de sa mère. Il va rencontrer sur son chemin une jeune femme, Frangine. Cette rencontre va être le point de départ d'une série de péripéties entraînant le lecteur comme une tornade.

Je vais commencer par le premier élément qui frappe le lecteur en ouvrant une BD, la patte graphique. Elle est ici extrêmement soignée avec une certaine originalité qui rappelle un style un peu japonais, on pourrait presque se croire dans un manga colorisé. En tout cas, c'est très agréable à lire avec une foultitude de petits détails à apprécier. J'ai très rapidement accroché à ce style. Pour le coup, je pense que le fait d'entrer facilement ou non dans un univers graphique est très subjectif, probablement que certains lecteurs n'apprécieront pas ce style, mais ce n'est pas le seul point intéressant de cette BD, loin de là même.

Après la forme, le fond, et là il y a un point qui m'a tout simplement épaté, il s'agit de l'univers incroyablement riche que l'auteur a réussi à créer dans cette bande dessinée. Ce monde imaginaire est remarquable, non seulement il m'a complètement happé dès les premières pages mais il a réussi à me surprendre tout au long des 200 pages de cette BD. A chaque page, on retrouve une surprise, une idée de décors ou bien un type de personnage, c'est extrêmement bien pensé, très réussi et d'une belle cohérence. Un grand bravo à l'auteur pour ça ! 

Au-delà de l'univers, l'histoire est également une réussite. C'est plein de sensibilité, parfois triste, parfois drôle, tout est subtilement dosé et à la fin la mayonnaise prend parfaitement. Les thèmes abordés sont actuels et bénéficient d'un traitement plutôt intéressant. L'écologie, par exemple, est un sujet omniprésent tout au long du récit mais l'auteur aborde également des sujets plus intimes comme le deuil ou encore la solitude.

La fin m'a laissé un peu sur ma faim, c'est peut-être le seul bémol que j'émettrai à propos de cette BD. Elle est sans doute un peu précipitée par rapport au reste du récit.

Au final, cette bande dessinée est un petit coup de cœur malgré sa fin un peu en retrait. Son style graphique bien particulier, son univers incroyablement riche, son dosage subtil entre humour et émotions et la mise en avant de sujets bien ancrés dans le réel sont autant d'atouts qui font de cette bande dessinée un livre à découvrir !

Ma note : 9/10